ROBERT COHEN
Robert est issu d'une famille de dix enfants. Il effectuait ses débuts de boxeur et devint très populaire dans toute l'Algérie. Quand il devint professionnel, il signa une licence avec Gaston Charles-Raymond un des grands managers de l'époque (avec Bretonnel et Filippi). Le 6 novembre 1953, Robert COHEN devenait champion de France des poids coq en battant Maurice SANDEYRON aux points. Le 21 février1954, il s'emparait de la couronne européenne à Belfast face à l'Irlandais John KELLY par ko au 3e round. Le 19 septembre 1954, Robert COHEN obtenait sa chance pour le titre mondial mais il lui fallait se déplacer à Bangkok et rencontrer un certain SONGKITRAT, idole de tout un peuple. Dans la salle qui contenait 70.000 spectateurs, on ne comptait qu'une trentaine de supporters français et un seul journaliste de notre pays: Georges PEETERS du journal L'Équipe. Georges PEETERS était considéré comme le pape de la boxe tant il connaissait ce sport et les boxeurs. A L'ÉQUIPE, on avait prévu que Georges PEETERS enverrait un câble après chaque round et au journal, on notait la présence des anciens champions du monde CRIQUI, PLADNER et ROUTIS. Andrée, la sœur de Robert COHEN, était également présente.
Tout avait été prévu pour que la nouvelle soit annoncée le plus rapidement dans la rue du Faubourg Montmartre, siège de l'Équipe. Mais une chose n'avait pas été prévue: le décalage horaire. Si bien qu'on sut deux heures avant, que Robert COHEN avait battu, aux points, en quinze reprises, son adversaire thaïlandais. L'émotion fut trop forte pour la sœur de COHEN qui devait s'évanouir et être transportée à l'hôpital le plus proche. On devait apprendre que COHEN avait été blessé à la main droite dès le 5e round puis à l'arcade sourcilière au 8e round mais qu'il avait déployé un courage énorme sur le ring. La décision était indiscutable et le clan de Robert COHEN qui avait passé cinq semaines sur place, se plaisait à louer la sportivité de SONGKITRAT mais aussi des Thaïlandais dans l'ensemble. Ce combat eut un grand retentissement en France. Robert COHEN était le douzième Français à s'emparer d'une couronne mondiale. A l'époque, il n'y avait qu'un champion par catégorie. . Robert COHEN était donc le meilleur poids coq au monde. Le grand patron de la boxe française sur le plan des organisations (il était le patron du Palais des Sports) , Gilbert BENAIM soulignait alors: "Le succès de COHEN c'est plus qu'un titre qui échoit à la France. C'est un magnifique exemple pour les jeunes amateurs, c'est l'indispensable élan qui stimulera mieux la cause de la boxe".
Quelle belle époque!
Lionel HERBET